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Que se passera-t-il quand il n’y aura plus de combinaisons pour les plaques d’immatriculation ?

Depuis 2009, toutes les voitures en France arborent le même type de plaque : deux lettres, trois chiffres, deux lettres. Ce système, baptisé SIV, remplace progressivement les anciens formats départementaux. Mais avec des millions d’immatriculations chaque année, une question se pose : que fera-t-on quand toutes les combinaisons possibles auront été utilisées ? Ce scénario, encore lointain, soulève pourtant de vrais enjeux techniques, législatifs… et symboliques pour les automobilistes.

Le SIV, ou Système d’Immatriculation des Véhicules, a été mis en place en avril 2009. Il a remplacé le système FNI (Fichier National des Immatriculations), en vigueur depuis 1950. Ce nouveau format est simple : deux lettres – trois chiffres – deux lettres, comme par exemple AB-123-CD. Ce format a un objectif principal : permettre un traitement national centralisé des données.

Avec ce format, les autorités ont estimé qu’environ 80 millions de combinaisons étaient disponibles. En théorie, cela nous laisse largement de quoi voir venir. Mais en pratique, environ 5 à 6 millions de véhicules sont immatriculés ou ré-immatriculés chaque année. À ce rythme, les chiffres montrent que toutes les combinaisons pourraient être épuisées entre 2040 et 2050.

Sans compter que de nombreuses combinaisons sont volontairement exclues pour éviter les polémiques.

Un changement de format inévitable

Alors, que se passera-t-il une fois que toutes les combinaisons auront été attribuées ? La solution la plus évidente est le passage à un nouveau format d’immatriculation. C’est déjà ce qui a été fait en 2009, et même auparavant avec la fin des plaques FNI. Le gouvernement pourrait, par exemple, ajouter un caractère supplémentaire à la série : trois lettres, trois chiffres, puis deux lettres (ABC-123-DE), ou réorganiser l’ordre des lettres et des chiffres pour augmenter la capacité totale.

D’autres pays l’ont déjà fait. Le Royaume-Uni, par exemple, a modifié son format plusieurs fois depuis les années 1960 pour suivre la croissance du parc automobile. En Allemagne, des systèmes similaires permettent une plus grande flexibilité régionale. En France, tout est centralisé, ce qui rend l’adaptation plus simple à gérer techniquement, mais impose une réforme bien encadrée.

Des solutions moins probables mais évoquées

Une autre idée qui revient parfois : réutiliser d’anciennes immatriculations. Cela pourrait permettre de prolonger le système actuel. Mais en réalité, cette option est peu viable. Elle poserait de sérieux problèmes de traçabilité, notamment dans les bases de données du ministère de l’Intérieur, des assurances, ou encore pour les radars automatiques. Une même plaque pouvant être liée à plusieurs véhicules au fil du temps, cela introduirait un risque de confusion important.

Une autre piste évoquée, plus innovante : la personnalisation des plaques. À l’image de certains États américains ou de la Belgique, où les conducteurs peuvent choisir leurs propres combinaisons (parfois drôles ou symboliques), la France pourrait envisager un système payant pour ceux qui souhaitent une plaque unique. Cela ne réglerait pas le problème global, mais pourrait soulager un peu la demande sur les combinaisons standard. Cependant, ce changement impliquerait une révolution culturelle et législative.

Une réforme anticipée

Le ministère de l’Intérieur et l’ANTS (Agence Nationale des Titres Sécurisés) suivent de près l’évolution du nombre de combinaisons utilisées. Si le système actuel a encore une vingtaine d’années devant lui, une réforme prendra du temps à préparer : consultation des professionnels de l’automobile, des constructeurs, des assureurs, modification des logiciels de gestion, adaptation des radars et des contrôles routiers… Tout cela ne se fait pas du jour au lendemain.

L’idée n’est donc pas d’attendre la dernière minute. À partir de 2035, il est probable qu’un nouveau format sera déjà dans les cartons. Et si l’on prend en compte l’évolution rapide du marché automobile – électrification, nouveaux types de mobilité, immatriculations temporaires pour les flottes de véhicules partagés – les besoins en identifiants uniques vont croître encore plus vite.

Une fin symbolique… et pratique

Au-delà de l’aspect technique, la fin des combinaisons SIV marquera aussi la fin d’une époque. Beaucoup d’automobilistes sont attachés à leur plaque, à sa signification, ou au code départemental qu’ils ont choisi d’afficher. Changer de format, c’est aussi modifier ce petit élément d’identité routière.

La pénurie de combinaisons de plaques d’immatriculation n’est pas pour demain, mais elle est inévitable. Le gouvernement devra proposer une nouvelle architecture d’ici 2040, avec probablement un format plus long. Si le sujet peut paraître anecdotique, il touche à des enjeux de logistique, d’identification, de sécurité routière… et même d’émotion. Parce que sur la route, une plaque, c’est un peu notre nom à nous.

Robin Faure
Publié le 25/05/2025 à 20:30
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